On ne savait pas encore ce soir là que les théâtres allaient fermer.
On ne savait pas ...
Dans l'ignorance, confiants, nous sommes allés nous asseoir sur les fauteuils de velours noir d'un petit théâtre de la rue Pireos avec une scène à l'italienne presque vide striée d'un éclat de lumière verte. C'était un peu de la science-fiction tout ce public masqué, espacé les uns des autres à des places numérotées réservées à l'avance.
On ne savait pas encore...
Puis, le spectacle a commencé, après l'annonce des conditions sanitaires à respecter.
C'était une pièce écrite en 1959 par un certain Monsieur Ionesco. Il y décrivait une curieuse maladie appelée la "Rhinocérite" qui transformaient les habitants d'une ville en rhincéros. Chaque personnage allait perdre de on identité sauf le plus anti-conformiste d'entre eux.
La mise en scène de Iannis KAKLEAS est résolument moderne, dans un décor astucieux et amovible.
Au premier tableau on y voit l'image de notre monde contemporain, affairé, narcissique.
Les personnages superbement costumés par Marie KARAPOULIOU courent on ne sait où ni vers quoi, l'oreille collée à leur smartphone ne s'arrêtant que pour faire des selfies.
Quand tout aura basculé vers un monde détruit où même se nourrir deviendra problématique. Seul, un certain Béranger, parcourt ce monde inondé de publicités sans téléphone, mal vêtu. Seul, il entrera en résistance refusant d'être un rhinocéros, ce que tous les autres accepteront.
Ionesco avait écrit cette pièce en réaction à tous les régimes totalitaires. Son texte résonne particulièrement aujourd'hui. Les repréentations devaient se tenir jusqu'au 20 Décembre. Coup d'arrêt. Pour 1 mois nous dit-on. En espérant que la troupe tiendra le coup et pourra continuer de jouer.
On peut aussi regarder ce qui va se passer dans les jours à venir aux USA pour comprendre ou pas dans quelles galères nous allons vivre les années à venir, car ce qui se passe en ce moment en Europe est une dérive du laxisme américain de ces 4 derières années et de sa gestion catastrophique de la diplomatie internationale.
Je ne veux pas devenir rhinocéros, je ne céderais pas non plus....
Ceci est mon point de vue, Fine