Le théâtre des fous.
Le rideau du théâtre s'ouvre et se ferme ...
Simple écriture de coton sur popeline.
L’ombre du Roi Lear plane au-dessus du théâtre déserté,
Monument vidé de ses héros.
Paquebot naufragé mis à quai par simple décision administrative.
Les ailes des strapontins se sont repliées
Le long des rangées de fauteuils vides.
Les vents du dehors crient dans les coulisses abandonnées.
Un pan de toile peinte a chuté dans un fracas d’orage.
L’échelle de Roméo est au milieu de la scène silencieuse,
Squelette de bois sous les projecteurs éteints.
Le balcon de la belle Roxane n’est plus qu’un amas de carton bouilli,
Délavé par les eaux de pluie qui percent à travers le plafond crevé,.
Le théâtre se meurt, ruiné, affamé, sans public.
Son agonie palpite dans le cœur des comédiens encore vivants et désoeuvrés.
Seuls les fous s’en sortiront !
Ils convoqueront Lear, Hamlet et Cyrano,
Ils joueront la folie du monde,
Dans la lande, les champs de blés, le long des rivages,
Ils parcourront les villes, les villages et les hameaux perdus,
Ils joueront jusqu’à ce que leur cœur éclate,
Jusqu’à ce que leurs cordes vocales d’accrochent aux étoiles,
Jusqu’à ce que leurs larmes fassent ruisseler le sang de leurs héros,
Jusqu’à ce que leur souffle les ressuscite.
Seuls les fous s’en sortiront !
Seuls les fous ! ….