Serge Paradjanov, né en Georgie en 1924 est considéré comme le plus grand cinéaste Arménien. Cet artiste protéiforme est aussi l'emblème de la lutte pour la liberté d'expression toujours attaquée quand sévit un régime totalitaire.
Son cinéma aux images et costumes soignées est empreint d'iconographie arménienne teintée de lyrisme poétique mais Paradjanov n'est pas seulement un esthète. Il manie la parodie, le détournement, la subversion. Il est le maestro de la démesure. Bref ! Rien n'est pour plaire au régime soviétique qui tout d'abord l'accuse de trafic d'objets d'art, mais le dossier à charge n'étant pas assez consistant, le condamne pour homosexualité à 5 ans de travaux forcés avec des traitements si abominables qu'il en sortira malade et finira par mourir d'un cancer dû au manque de soins auxquels il avait été soumis. À cela s'ajoutera une interdiction de faire du cinéma pendant 15 ans.
Même au bagne, Paradjanov ne cessera de créer, prouvant à ses bourreaux qu'on enferme les corps, mais pas l'esprit de création. À sa sortie, entre plusieurs autres incarcérations, il fera des collages et toutes sortes d'objets insolites qu'il vendra pour survivre.
Plusieurs intellectuels Français sont venus soutenir cet immense créateur : Romain Gary, Françoise Sagan, Louis Aragon... Auxquels s'ajoute Fellini et Jean-Luc Godard qui le considérait comme un des plus grands cinéastes de tous les temps.
Son chef d'oeuvre est SAYAT NOVA ... On peut le visionner sur internet en attendant que les cinémathèques d'Europe s'intéressent de plus près à cet artiste de génie. La ville d'Erevan lui consacre un musée fidèle à son univers baroque et hors normes. Par contre en Arménie les homosexuel[le]s font toujours l'objet de discriminations comme par exemple, inscrire un code sur leur livret militaire qui les désigne et leur interdire de passer le permis de conduire.