Le théâtre au cinéma.
Hier à l’Institut Français de Grèce [anciennement IFA] :
Représentation de la captation cinématographique du spectacle de la Comédie Française : "ROMEO et JULIETTE" mis en scène par Eric Ruf.
S’agissait-il de cinéma au théâtre ou de théâtre au cinéma ?
En premier lieu, il est à retenir la qualité du son de la réalisation qui fait que l’on entend le souffle des acteurs et même la toux de certains spectateurs assis Salle Richelieu comme s’ils étaient nos voisins de strapontins. Autre avantage : nous n’avions pas besoin de jumelles pour voir au plus près le grain de peau de la ravissante Juliette ou la moustache de Roméo.
Le jeu des acteurs était filmé sur le vif et c’est bien à une représentation théâtrale à laquelle nous avons assisté.
Le texte de Shakespeare traduit par Victor Hugo apporte modernité et vivacité aux dialogues.
Les décors, gigantesques murs mobiles de palais en ruine, accentuent l’écrasement auquel sont condamnés les funestes destins des héros de tragédie, même si dans des scènes ou les panneaux du palais se transforment en toilettes de salle de bal, Romeo apparait comme un danseur du samedi soir et Juliette comme une midinette.
Les costumes signés Lacroix sont délicats comme les dentelles de robes à danser ou bien structurés comme des manteaux d’hiver ou encore baroques, comme ceux des vierges Siciliennes.
Quant aux acteurs on retiendra l’impeccable Didier Sandre / Capulet, chic et démesuré, la truculente Claude Mathieu en nourrice fidèle, l’éternelle juvénile Danièle Lebrun/ Dame Capulet, l‘irrévérencieux Jean-Louis Calixte /Mercutio.
Seul , Jérémy Lopez n’est pas convaincant en Roméo. Quant à Juliette, Suliane Brahim, elle est époustouflante dans la scène du balcon, en équilibre sur une corniche délabrée qui nous fait retenir notre souffle de peur qu’elle ne tombe. Cet instant nous fait oublier trop de minauderies, sans doute pour nous faire oublier que les deux protagonistes sont trop âgés par rapport aux personnages imaginés par Shakespeare. Mais c’est ça aussi le théâtre. Brouiller les époques. Fondre le temps.