Houellebecq au Festival de théâtre d'Athènes.

C'est au 260 Pireos que le Festival de théâtre d'Athènes a présenté :

"Les Particules Elementaires" de M. Houellebecq par le collectif

"Si vous pouvez lécher mon coeur"

dans une mise en scène de Julien Gosselin.

Le décor minimaliste,parfaitement intégré à la structure d'accueil qui n'est autre qu'un hangar d'usine désaffecté et réhabilité en salle transformable : quelques gradins et praticables, quelques pièces de mobilier contemporain, un grand écran avec des projections d'images et/ou la traduction du texte en grec.

Le théâtre, en Grèce,se joue soit dans les ruines des amphitéâtres antiques, soit dans celles des friches industrielles héritées de la fin du 19e siècle.Comme s'il lui fallait la magie des lieux hantés pour s'inventer. 

Mais, revenons au coeur de ce spectacle de quatre heures, que l'on ne voit pas passer, et pour lequel le travail d'adaptation de Julien Gosselin  a su valoriser la polyphonie du texte original : de l'épique au littéraire, du romanesque au poétique, du narratif qu politique, le texte de Houellebecq est restitué au public par la voix, la chair souvent mise à nu des comédiens, par les jeux de lumières, par le son et la musique. 

Comédiens, musiciens, techniciens, sont ensemble, à vue du public. L'auteur est aussi parmi nous, pas seulement sous les traits de Guillaume Bachelé qui lui a emprunté jusqu'à sa manière inimitable de fumer, mais avec son texte au scalpel qui creuse jusqu'à l'os le mal-vivre de l'écrivain qui se mêle à celui de ses personnages. 

De ce regard sans complaisance, Julien Gosselin a su en extraire "l'Humain" dans ce qu'il a de meilleur et de pire : de l'amour à la dictature du désir sexuel, du bonheur fabriqué comme une échappatoire à la mort, de la souffrance au suicide. 

Le spectacle s'achève par cette phrase inspirée de la conclusion même du roman de Houellebecq  : 

- " Ce spectacle est dédié à l'Homme" 

Comme tout acte théâtral pourrait-on ajouter. 

Comments

[dornac]

Bonjour Liza,

Heureuse de voir ton avis sur cette pièce que j'ai vue à Paris à l'Odéon. Pour la mise en scène, je pense que si elle avait été mauvaise -finalement elle est bonne même si c'est souvent un peu pompier (avec par exemple des "boum!"- c'est la lumière, "boum!" - c'est l'obscurité et un petit peu de statisme-déclamatoire genre Stanislas Nordey), - je serais partie très très vite (les acteurs-musiciens sont bons eux aussi) parce que j'ai "relu" Houellebecq pendant ce spectacle et j'ai compris pourquoi je ne l'aimais pas : un style alternant les copier/coller des ouvrages philosophiques -oubliés car sans portée- et scientifiques les plus indigestes avec celui des articles d'"Ici Paris" en passant par du Sade de comptoir. Le désert de la pensée est modulé par -forcément- de très nombreux grands passages vides, les creux étant remplis par une mauvaise foi très réac - avec des colliers de clichés - et beaucoup de malhonnêteté intellectuelle (ou ignorance de l'Histoire?)**. Il y a de la vulgarité soi-disant dénonciatrice, des descriptions complaisantes dignes des plus mauvais films d'horreur et même de la fausse poésie allant jusqu'à la niaiserie : c'est donc assez coloré.



**La malhonnêteté (ou l'ignorance historique) de Houellebecq est criante quand il explique que la libération sexuelle des années 60 a entraîné le désir de repousser les limites jusqu'à l'horreur et le crime, la torture, « le satanisme (« tribute to Charles Manson »), que cette horreur est « la conséquence logique de la volonté des hippies et des beatnik de libérer les pulsions ». Il a oublié volontairement Pasolini dénonçant le fascisme ou a voulu l'imiter, version réac et malhonnête.

[moqueplet]

c'est toujours très agréable d'assister à un tel spectacle et de nous en faire part,....passe une bien agréable journée

[Quichottine]

Je ne doute pas de la qualité de ce spectacle.

J'avoue cependant que Houellebecq, du moins ce que j'en ai lu, m'a mise tellement mal à l'aise que je n'ai pas eu envie de recommencer l'expérience.

Merci pour le partage, Liza.

[mansfield]

Un bel hommage à la création et à la créativité. Une soirée intellectuelle et divertissante, l'art mis à la disposition de chacun!

[elsaxelle]

Le genre de spectacle qui ne peut que se vivre.