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Atelier Studio Liza Athènes
24 décembre 2012

Conte de Noël

Comme je l'écrivais dans mon billet du 21 Décembre dernier, je suis allée avec d'autres conteuses, au Lycée Français d'Athènes pour animer des ateliers à la bibliothèque auprès des enfants de primaires les 15 et 16 Décembre dernier avec des contes  encore inédits.

contes de Noël 2012 la sorcière et son caddie

J'en publie une ici afin que vous puissiez, si vous avez des enfants auprès de vous, conter à votre tour, afin de perpétuer la belle traditon des veillées de Noël.

Les petits pain de pierre

 

Le boulanger de Honfleur, celui de la Rue aux Chats, est non seulement mal aimable mais il  est  très  méchant.Il paraît même qu’il bat sa femme et ses enfants.

En tous cas la Sorcière de Honfleur a une dent contre lui (sans doute l’unique incisive qui lui reste dans la bouche ).

Elle lui en veut à mort  parce qu’il a tordu la queue de son chat noir, un jour que celui-ci s’amusait à mettre son museau dans la farine. Depuis elle a décidé de se venger et elle ne cesse de l’espionner. Elle épie chacun de ses faits et gestes, depuis  l’encoignure d’une porte cochère située  près de la boutique.

Elle l’a vu malmener ses apprentis, sa femme, ses six enfants. Elle l’a vu rabrouer de vieilles dames,refuser un quignon de pain à un miséreux, reprendre un gâteau aux pommes de la main d’une fillette parce qu’il lui manquait 5cts, mais, le pire, elle l’a vu mélanger du son à sa farine pour que son  pain soit plus lourd, donc, forcément plus cher.  

- "Ah ! le voleur ! le chenapan ! je lui ferai payer tout cela au centuple ! Ma vengeance sera terrible ! Ah ! le gredin ! Face de rat !  Peau de bique ! Goule de raie ! …"

On l’entendit ainsi toute une soirée égrener les pires noms d’oiseaux pendant qu’elle revenait de la Lieutenance pour rejoindre le plateau d’Equemauville.

Le lendemain,  nous étions à l’approche de Noël. Elle se déguisa en vieille femme. Enfin ! elle crut se déguiser, parce qu’à son âge !  .. Elle ne se coiffa pas, ne se maquilla pas, enfila des hardes noires et un vieux châletroué qu’elle mit sur la tête pour cacher son indéfrisable.

Elle se dirigea vers la boulangerie de la Rue aux Chats.

-« Bonjour Monsieur le boulanger. Je suis une pauvre et vieille femme qui n’a rien à manger. Auriez-vous un petit morceau de pain à me donner pour qu’au moins je ne m’endorme pas le ventre vide?

-« Passe ton chemin la vieille, mon pain je ne le donne pas, je le vends »

-« Donnez-moi un petit morceau de croissant d’hier alors »

-« Et puis quoi encore ? Mes croissants, même ceux d’hier je les garde pour moi. Passe ton chemin je te dis.

-« Ayez pitié Monsieur le boulanger. Donnez-moi une once de farine, que je puisse la cuire avec de l’eau et manger un petit gruau « 

- «  Ni pain, ni croissant, ni farine. Si tu ne sors pas de cette boutique immédiatement j’appelle la gendarmerie »

-« Quelle bonne idée ! Appelez donc les gendarmes que je leur raconte ce que je t’ai vu faire près de ton pétrin »

-« Et qu’as-tu vu la vieille ? « 

-« Je t’ ai vu mettre du son dans ta farine »

-« Mais ma parole tu délires complètement. Dehors je te dis. J’ai le bras long et si tu me cherches des ennuis je pourrais bien appeler le Préfet qui est un de mes amis pour qu’il t’enferme dans un hospice « 

-« Bien ! dit la Sorcière puisque tu le prends comme ça je me vengerai d’ici ce soir minuit »

-« C’est ça la vieille ! C’est ça .. Déguerpis vite avant que je t’enferme dans la cave avec les rats »

 

La Sorcière fit semblant d’avoir peur et elle sortit de la boutique en faisant semblant de boîter.  

Le boulanger la suivit du regard à travers sa vitrine. Elle disparut derrière une porte cochère.

 

Seulement, à Honfleur,  on peut aller de maison en maison en traversant les cours. C’est ce que le boulanger n’avait pas calculé. La Sorcière s'était ainsi glissée jusqu’au soupirail du fournil de la boulangerie. Il n’y avait personne. C’était l’après-midi. On ne travaillait ici que la nuit. Elle entendit le boulanger fermer la porte de sa boutique à clefs, et remonter lourdement dans ses appartements puis hurler, comme à l'ordinaire après sa femme et ses enfants.

 Elle arriva sans bruit jusque dans la cave, là où il y avait les provisions et jeta une poudre blanche de sa confection dans les sacs de farine. Puis, elle remonta dans la cour, détala par la porte cochère et revint chez elle en maugréant :

-« Ah ! le porc, le cochon,  ! M’avoir menacée ! Moi, la Sorcière de Honfleur … Et bien on va voir ce qu’on va voir !

La nuit qui suivit le boulanger fit ses pains de Noël qu’il mit en vente au petit matin. Bien sûr, il ajouta un peu plus de son dans la farine pour les vendre plus cher. La fournée était prête. Il n’y avait plus qu’à attendre le client en se frottant les mains par avance à l’idée du bénéfice.

 Bien entendu, comme tout le monde se préparait à réveillonner il y eut beaucoup de clients. Et le boulanger vendit beaucoup de petits  pains de Noël. En fin de soirée il compta et recompta l’argent du tiroir caisse qu’il enferma à triple tours  dans une boîte et il remonta pour réveillonner tout seul, vu qu’il avait puni ses enfants en les privant  de dîner et bien entendu de jouets de Noël. Quant à sa femme,  elle en était si attristée que cela l’avait rendue malade et qu’elle n’avait pas même pu avaler un cuiller de bouillon clair. Il avala donc tout seul la dinde aux marrons, ainsi que les bûches à la crème au beurre qui avaient été roulées  par son ouvrier pâtissier.

Repu, il parti se coucher et se dit que le lendemain il n’ouvrirait pas la boutique et qu'il ferait la grasse matinée.

Tôt le matin, il ronflait encore, quand il fut réveillé par un drôle de charivari. Ça  tapait, ça cognait, ça criait. Et ça venait d’en bas, de la boutique.

Il descendit en pyjama, en bonnet de nuit et en savates .

-« Mais qu’est-ce qui se passe ?  En voilà une heure pour cogner à ma porte un jour de Noël !  »

-«  Nous venons te rendre les pains de Noël que tu as osé nous vendre hier.» 

-« Et nous voulons être remboursés !  »

- « Et même que nous voulons aussi un pain frais gratuit en plus !  » 

 

Une voix s’éleva couvrant les cris de la foule déchaînée. C’était celle de la Sorcière.

-« Et vous savez pourquoi votre pain de Noël était immangeable ? Et bien c’est parce que, misérable, tu  mélanges le son à la farine pour nous vendre plus cher ton horrible pain.

-« Mais ce n’est pas vrai ! N’écoutez pas cette vieille folle !  supplia le boulanger

-« C’est surtout toi qu’il ne faut pas écouter. Tiens ! goûte donc ce que tu nous as vendu dit une femme en lui jetant son pain d’hier à travers la tête.

Le choc fut violent et le boulanger s’effondra à terre, assommé. De mémoire de Honfleurais, personne n’avait vu de pain plus dur.

-«  Même celui que je mangeais durant  les guerres était plus tendre » cria la Sorcière. Elle parlait de la guerre de 100 ans, naturellement.

Cependant,  c’était bizarre. Le pain avait été mou et chaud au sortir de la boulangerie, mais, le soir, au moment de le couper : impossible ! Même avec une tronçonneuse ! Il était  devenu plus dur que la pierre !

Le boulanger se releva et se mit à détaler poursuivi par la foule qui lui lançait les pains de pierre à travers la tête. Il se mit à courir en pyjama, pantoufles et bonnet de nuit. Il courait droit devant lui, rattrapant avec peine les pains qu’on lui jetait, tentant d’éviter un choc entre eux et son front. Il courut, courut, courut, jusqu’à disparaître dans la nuit.

Les jours suivants on découvrit sa trace sur la plage. Enfin ! à dire vrai, il ne restait qu’une pantoufle et le pompon de son bonnet de nuit, et, chose curieuse, la plage était couverte de gros cailloux, bien lisses et bien  ronds, comme  … des pains de pierre .

Personne ne regretta la disparition du boulanger. L’ouvrier pâtissier épousa la femme du boulanger et adopta les cinq enfants. Comme c’était un brave homme il les gâtait et leur confectionnait de délicieuses  tartes aux pommes, des meringues et des biscuits. A Noël,il préparait des petits pains ronds et blancs, moelleux et des bûches de Noël au chocolat.

Tout le monde oublia les petits pains de pierre et l’horrible boulanger, même le chat de la sorcière qui était devenu tout blanc à force de se rouler dans les sacs de farine.

Quant à la Sorcière elle trouvait que des cailloux sur la plage cela faisait joli … On surnomma ces galets : « les petits pains de pierre »… On en trouva partout,  de Honfleur à Granville et même jusqu’à Fécamp.

Depuis, chaque été, sur les belles plages de Normandie,  les enfants peuvent  ramasser autant de galets qu’ils veulent pour consolider leurs châteaux de sable.

Quant aux petits enfants de Honfleur, pour Noël ils mangent maintenant du pain bien tendre et bien blanc et ils n’ont plus peur du boulanger. Et tout cela ils le doivent à la Sorcière de Honfleur, mais beaucoup ne le savent pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
L
J'adore les contes....<br /> <br /> Joyeux Noël
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N
belle nuit de noel bisettes
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B
c'est vrai? on peut utiliser ? cela tombe bien car nous lisons souvent aux enfants en bibliothèque ou à l'école, ça leur fera une histoire toute neuve !<br /> <br /> Joyeuses fêtes
Répondre
B
c'est vrai? on peut utiliser ? cela tombe bien car nous lisons souvent aux enfants en bibliothèque ou à l'école, ça leur fera une histoire toute neuve !<br /> <br /> Joyeuses fêtes
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B
c'est vrai? on peut utiliser ? cela tombe bien car nous lisons souvent aux enfants en bibliothèque ou à l'école, ça leur fera une histoire toute neuve !<br /> <br /> Joyeuses fêtes
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